Notre société est dictée par différentes normes sociales : lois, codes, règlements, mais aussi mœurs, coutumes, habitudes, etc. Si l’on sort du rang, on est jugé, rejeté voire même sanctionné. Et parmi ces normes, il y a une norme dont on a jamais (ou peu) entendu parler mais dont on subit les conséquences chaque jour : c’est la norme contraceptive.
Précision : Ceci est surtout une critique et une piste de réflexion pour comprendre pourquoi nous n’arrivons pas à changer de contraception ; pourquoi nous sommes montrées du doigt quand nous passons au préservatif ; Pourquoi a-t-on si peur d’arrêter la pilule. Ce n’est évidemment pas une norme que nous conseillons de suivre. Chacun est libre de choisir sa contraception, peu importe son âge ou sa situation.
Comment en est-on arrivé là ?
L’arrivée de la pilule sur le marché français a modifié pas mal de choses. Pour résumer, avant les années 60, la contraception se gérait à deux, en couple et dans l’intimité. Elle était certes un peu archaïque. La contraception en elle-même a été prohibée en 1920. Tu te rends compte ? Ce n’est pas si loin que ça !
Bref, de nombreux événements sociétaux ont amené la France vers un modèle de contraception normé : la fameuse norme contraceptive.
La norme contraceptive : c’est quoi ?
Elle définit les contraceptions qui sont socialement acceptées en fonction de ton âge et de ta situation. Elle se présente comme telle :
- Usage du préservatif en début de vie sexuelle
- Prise de la pilule dès que les individus entrent dans une relation qualifiée de stable
- DIU dès que le nombre d’enfant souhaité est atteint
C’est un peu réducteur tout ça, n’est-ce pas ?
Quelles sont les conséquences de cette norme sociétale ?
Avec cette norme, on définit un moyen de contraception en fonction de l’âge et de la situation relationnelle de la femme. Comme beaucoup de normes, c’est la femme qui en subit le plus les conséquences.
Elle est parfois encore très ancrée chez certaines personnes, même dans le médical. En témoignent ces femmes qui se voient refuser la pose d’un stérilet car elles n’ont pas encore eu d’enfant. Ou encore, ces jugements sur les couples qui utilisent le préservatif après des années de relation ensemble. Bref, je pense que tu as l’idée.
Cette norme a plusieurs conséquences :
- Elle limite la possibilité de choisir un contraceptif qui nous convient réellement
- On renforce la définition de la responsabilité contraceptive comme principalement - voire exclusivement - féminine
- On fait de la gestion mentale et matérielle de la fertilité du couple : une affaire de femme
Même si l’image de la pilule en a pris un coup avec “la crise de la pilule” en 2012, elle reste le contraceptif le plus utilisé en France aujourd’hui, le DIU étant juste derrière.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Dans les années 60/70, la pilule était considérée comme un véritable symbole de l'émancipation et de la liberté sexuelle de la femme. Aujourd’hui, la pilule est beaucoup moins considérée comme telle (cf. la crise de la pilule, la libération de la parole autour des effets secondaires et du changement de contraception, le développement des discours sur la contraception naturelle, etc.).
La crise de 2012 a poussé les femmes et les couples à s'interroger sur une nouvelle méthode de contraception. Les femmes prennent conscience du poids que représente la contraception dans leur quotidien (cf. la charge contraceptive). D’ailleurs, depuis 2012, on constate (avec la baisse du recours à la pilule) une hausse de l’utilisation des préservatifs, du DIU et des autres méthodes de contraception en général.
Nous sommes en plein dans un grand changement autour de la contraception.
“Et si cette crise de la pilule faisait émerger un nouveau rapport entre les femmes et leur praticien ? Donnant une place plus importante à l’information et aux préférences des femmes !”
Si jusque-là, tu pensais que ton cheminement vers l'arrêt de la pilule était isolé et avait finalement peu d'importance à l'échelle de la société (comme te le laissait éventuellement penser la réaction infantilisante des professionnels de santé à ton égard), dis-toi que ce n'est pas/plus du tout le cas ! C'est aujourd'hui bel et bien une remise en question globale à laquelle nous assistons !
Source et citations : M. Le Guen et al., Population et Sociétés n° 549, Ined, novembre 2017
[…] : la femme doit prendre en charge la contraception sur le long terme. C’est bien simple, le schéma le plus commun est la pratique de l’acte sexuel avec un préservatif les premiers temps d’une relation […]
[…] est tout à fait normale. Nous évoluons dans une société dans laquelle nous avons souvent recours au corps médicale lorsqu’il s’agit de notre santé. Il semble donc assez logique de vouloir un suivi […]
[…] parfois compliqué de revenir au préservatif. Il est parfois vu comme un retour en arrière (cf. la norme contraceptive). Et si on voyait le retour du préservatif comme un jeu ? Un moment que vous vous réapproprierez […]
[…] te parlait dans l’article précédent de la norme contraceptive par exemple. C’est ce genre de faits sociétaux et sociaux qui peut être intéressant de comprendre à l’arrêt de la pilule. Car c’est une période où […]