Grande question que celle d’arrêter la pilule. On se pose mille et une questions sur la manière de procéder, et c’est normal. Comment arrêter un comprimé que nous avons pris pendant plusieurs mois voir plusieurs années ? Alors, on entame nos recherches et on entend parler de l’arrêt progressif de la pilule. C’est de cela dont nous allons te parler aujourd’hui.
En quoi consiste l’arrêt progressif ?
L’arrêt progressif de la pilule, que tu rencontreras aussi sous le doux nom de “sevrage de la pilule” est le fait d’arrêter la pilule contraceptive en échelonnant l’arrêt sur plusieurs semaines/mois. Le but est donc de chercher à éviter un arrêt brutal des hormones de synthèse que l’on ingère quotidiennement avec ce médicament.
“Définition du sevrage / de l’action de sevrer : Désaccoutumer quelqu'un de quelque chose, en particulier d'une drogue.”
Def. Larousse.
Il est important de préciser qu’il n'existe aucune étude scientifique au sujet de l’arrêt progressif et aucun consensus sur la méthode / la façon de le faire.
Dans cet article, notre but est donc de te présenter le maximum d’informations sur le sujet, sur les différents déroulés possibles. Ainsi que des témoignages de personnes qui sont passées par l’arrêt progressif.
Comme mentionné, il existe assez peu d’informations à ce sujet, hormis les expériences de différentes personnes à droite et à gauche sur internet. C’est pourquoi nous avons fait appel aux membres de la communauté Ma Vie Après pour enrichir cet article et fournir des informations “de terrain”.
INFORMATION IMPORTANTE :
Dès lors que l’on commence l’arrêt progressif, l’aspect contraceptif de la pilule ne fonctionne plus. Il convient donc de se protéger à l’aide d’une autre méthode de contraception dès les premiers rapports avec pénétration.
À noter, il est possible de se faire poser un stérilet au cuivre/DIU avant de commencer le sevrage afin d’être contraceptée dès le début de l’arrêt progressif.
Comment ça fonctionne ?
Il n’existe pas une façon de faire l’arrêt progressif, mais plutôt autant de façons différentes qu’il y a de personnes différentes qui font ce choix. Pourquoi ? Car il n’existe aucun consensus à ce sujet, chaque personne le fait donc avec son propre ressenti et selon les éventuelles recherches faites sur internet en amont.
Néanmoins, il existe tout de même deux grandes méthodes distinctes qui sont :
- L’arrêt progressif en espaçant la prise des comprimés
- L’arrêt progressif en coupant les comprimés
Nous allons ici vous présenter les avantages et inconvénients relevés, de chacune de ces deux méthodes.
L’arrêt progressif en espaçant la prise des comprimés
Le principe est aussi simple que le titre. Il consiste à espacer de plus en plus la prise des comprimés.
Dans l’idée, en échelonnant cet espacement sur plusieurs semaines/mois :
- Tu commences par prendre 1 comprimé sur 2,
- puis 1 comprimé sur 3,
- puis 1 sur 4…
- Ensuite ne plus en prendre du tout = fin du sevrage.
Les avantages :
- C’est relativement simple, il n’y a pas de manipulation particulière (contrairement à l’autre méthode) ;
- Au niveau de la prise en tant que tel, c’est un peu “comme d’habitude” ça reste le petit comprimé à avaler avec un peu d’eau ;
- En théorie, cela ne cause pas ou n’accentue pas les troubles digestifs, car le comprimé reste intact. Il est protégé par sa pellicule/son enrobage qui est en partie là pour la résistance gastro-intestinale.
Les inconvénients :
- On peut vite s’emmêler les pinceaux avec les jours où il faut la prendre et les jours où il ne faut pas la prendre. Cela demande une bonne organisation ;
- Le message envoyé à l’organisme est plutôt confus : un jour on ingère une grande quantité d’hormones VS le lendemain plus rien. Étant donné que l’on ne parle pas de petite quantité de substance, cela est très confusant et peut causer de nombreux troubles (spotting, sautes d’humeur, maux de tête…) en témoignent les personnes ayant pratiqué ainsi.
L’arrêt progressif en coupant les comprimés
Le principe de cette méthode est de couper ses comprimés en plusieurs morceaux pour faire comme de mini-comprimés et ainsi réduire la dose d’hormones de synthèse ingérée. Le but étant de ne prendre qu’une partie du comprimé et de réduire au fur et à mesure.
Dans l’idée, en échelonnant cet espacement sur plusieurs semaines/mois :
- On commence par prendre 3/4 du comprimé et on laisse de côté le dernier quart,
- Puis ½ comprimé et on laisse l’autre moitié de côté,
- Puis finir par prendre ¼ du comprimé et laisser les ¾ de côté,
- Ensuite ne plus en prendre du tout = fin du sevrage.
Les avantages :
- La transition est plus douce qu’avec la première méthode dans la mesure où tu ne prives pas totalement ton organisme d’hormones de synthèse certains jours. Tu réduis vraiment la dose progressivement, petit à petit, pour ton corps ce peut être vécu comme quelque chose de vraiment progressif ;
- De fait, il y a potentiellement moins d’effets secondaires liés à la décroissance de la quantité d’hormones ingérés (d’après les retours des membres de la communauté ayant suivi cette méthode, moins de symptômes de type maux de tête, spotting, sautes d’humeur) ;
- Cela semble moins perturber l’organisme.
Les inconvénients :
- Il faut jouer à l’apprenti chimiste/orfèvre pour découper ses comprimés, qui, rappelons-le font environ 4mm de largeur :). Pour cela, deux méthodes, deux écoles : le couteau à dents, ou le coupe-pilule. Selon les retours, aucune méthode ne semble particulièrement plus efficace que l’autre. Dans tous les cas, ça ne fait pas forcément une coupure hyper nette du comprimé et tu peux parfois te retrouver avec des mini-bouts. (Cf. photos)
- Le fait de couper le comprimé, altère et casse la pellicule protectrice qui enrobe celui-ci. Car le comprimé en lui-même est, ni plus ni moins, de la micro poudre compactée, enrobée dans une pellicule. Donc en le coupant, on abîme cette pellicule et rend les bouts de comprimés moins compactes.
- Cela peut provoquer des troubles digestifs/inconforts digestifs. Du fait que l’enrobage de la pilule soit altéré. La pellicule qui l’enrobe est à la fois gastro-résistante et à la fois elle permettrait* d’être moins agressive pour le système digestif. Pour contrecarrer ce problème, certaines personnes recommandent de placer le bout de pilule à prendre dans une gélule neutre, pour le protéger un peu plus lors de l’ingestion.
- Cela pourrait* diminuer l’efficacité de la pilule. Toujours pour la même raison, à savoir que comme l’enrobage du comprimé est altéré, cela affaiblirait le contenu de celui-ci lors de son passage dans le système digestif, notamment lors du passage dans l’estomac dans lequel l’acide chlorhydrique peut faire des ravages. Du coup, le sevrage a-t-il encore un sens si l’on considère ce point ?
*Nous écrivons ces lignes au conditionnel car encore une fois, même si cela peut sembler “logique” en théorie, nous n’avons pas d’études scientifiques à l’appui pour affirmer ces dires.
L’arrêt progressif en coupant les comprimés
Les infos clés, quelle que soit la méthode
Sur combien de temps faire son arrêt progressif ?
Encore une fois, ici il n’y a pas de réponse parfaite. En revanche, il y a une réponse disons “idéale”. Idéalement, il faut être patiente et partir sur un arrêt progressif échelonné sur plusieurs mois, entre 5 et 6 mois. Tu pourras autant entendre/lire des témoignages de personnes qui l’ont pratiqué sur 3 semaines, comme sur 6 mois.
Alors comment placer son curseur dans cette fourchette, qui se veut être une fourche ? En tenant compte de l’impact que cela engendre sur le corps, et en considérant que le corps a toujours besoin de temps pour assimiler les changements de façon durable !
On te conseille donc, quelle que soit la méthode, de l'échelonner sur au moins 5-6 mois ! Tu peux trouver ça long mais sincèrement, il vaut mieux prendre son temps maintenant en faisant le sevrage, plutôt que vouloir aller trop vite et finalement se retrouver avec de potentiels effets secondaires plus ou moins violents. Attention, on ne dit pas qu’en faisant le sevrage tu ne connaîtras aucun effet secondaire. Malheureusement, on ne peut pas vraiment l’affirmer tant cela dépend de chaque personne et de chaque arrêt.
Le plus important n'est pas tant la méthode d'arrêt de la pilule, c'est surtout la façon dont tu vas accompagner ton corps pendant et après cette transition.
Que faire des comprimés en surplus
Ne pas jeter ses comprimés “en trop” à la poubelle. Mets-les dans un sac à part pour le donner en pharmacie, une fois le sevrage terminé. Les pharmacies sont aptes à détruire convenablement les médicaments usagés. En tout cas, ne les jette surtout pas à la poubelle ! On parle de substances hautement dosées qui doivent être détruites indépendamment du reste de nos déchets.
Accompagner son corps pendant son arrêt progressif
Il est important de ne pas croire que l’arrêt progressif sera à lui seul la clé d’une transition parfaite et sans encombre. Comme pour l’arrêt “net” de la pilule, le corps aura besoin avant tout de soutien pour retrouver son équilibre hormonal. L’arrêt progressif vise en théorie à “amortir” la chute hormonale. Il ne donne pas de ressources particulières à l’organisme pour gérer ce retour au naturel ! Et ça c’est très important.
Quels sont réellement les bénéfices du sevrage de la pilule ?
Encore une fois, aucune étude scientifique ne peut affirmer que l’arrêt progressif puisse être réellement bénéfique pour l’organisme. Nous devons donc, pour aborder cette question, tenir compte des retours que nous avons eus lorsque nous avons posé la question aux personnes de la communauté Ma Vie Après qui ont témoigné.
Avant toute chose, il convient de rappeler un principe fondamental : chaque personne est unique, de fait, chaque arrêt de la pilule est différent d’une personne à l’autre. Et c’est bien sûr le cas aussi pour l’arrêt progressif.
Autre information importante : nous n’avons pas eu une montagne de témoignages concernant l’arrêt progressif, et tu le verras plus bas (Cf. Quelques avis des membres de la communauté MVA) si nous devions faire un pourcentage, nous pourrions dire qu’une grande majorité des personnes de la communauté n’ont pas pratiqué le sevrage. Il y a donc, de façon générale, plus de personnes qui arrêtent la pilule d’un coup. Donc forcément, lorsqu’il s’agit de récolter des témoignages de personnes étant passées par l’arrêt progressif, nous n’avons pas énormément d’informations.
Les bénéfices en théorie/sur le papier
Le but initial est d’habituer le corps à une dose d’hormones de synthèse de plus en plus faible. Les conséquences devraient donc être de minimiser les effets secondaires en habituant le corps petit à petit, par palier.
- Limiter l’acné ;
- Limiter la chute de cheveux ;
- Limiter les changements d’humeur ;
- Limiter le rebond du taux de testostérone ;
- Favoriser un retour de cycle.
Les bénéfices réels/dans la vraie vie
Malheureusement, les bénéfices réels ne sont pas aussi clairs que nous pourrions l’imaginer quand on pense aux bénéfices théoriques. Et là, on va dire une phrase (oui toujours la même) ça dépend de chacun et de chaque expérience ! En plus de la façon dont on fait le sevrage il y a une multitude d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte et qui sont vraiment propre à chacun :
- Qualité de l’hygiène de vie : alimentation, sommeil, activité physique… ;
- État de santé : déséquilibres et/ou troubles déjà présents (maladie, pathologie…) ;
- État émotionnel : problème au travail, problèmes familiaux, doutes/insécurités… qui peuvent engendrer du stress.
C’est aussi pour ces raisons que l’on ne peut pas comparer un arrêt progressif à un autre, car comme dans quasiment tous les troubles et déséquilibres il y a une chose sous jacente : l'hygiène de vie de la personne.
Encore une fois, la réponse à cette question va se faire au cas par cas. Selon plusieurs critères. Pour cela, tu peux consulter notre article "Est-ce que l'arrêt progressif est fait pour moi ?".
Est-ce pareil pour toutes les pilules ?
Dans les retours d’expérience que nous avons eus, nous avons remarqué que les pilules avec lesquelles sont réalisées le sevrage, sont souvent les pilules prescrites à la base pour l’acné : Diane 35, Jasmine, Jasminelle…
C’est souvent avec ces mêmes pilules que lors d’un arrêt net sans sevrage, un effet rebond important (acné notamment, et absence de cycle) peut être vécu.
Pour autant, ils ne semblent pas que ce soit la pilule en elle-même qui doit dicter l’arrêt par sevrage ou non. Mais bel et bien votre envie et vos prédispositions par rapport à ça. Nous n’avons pour l’instant pas énormément d’informations supplémentaires à ce sujet et nous continuerons d’enrichir l’article au fur et à mesure sur certains points. Néanmoins, si tu veux te poser les bonnes questions avant de te lancer ou non dans un arrêt progressif, alors nous te conseillons de lire l’article “L’arrêt de la pilule est-il fait pour moi ?”.
Quelques avis des membres de la communauté Ma Vie Après
Pourquoi choisir le sevrage ?
Pourquoi ne pas choisir le sevrage ?
Arrêter le sevrage en cours de route ?
Hello, J'ai oublié de vous raconter l'autre jour mon expérience de sevrage alors la voilà... Cela ne fait pas très longtemps (2 mois) qu'il est terminé mais à priori pour l'instant je n'ai eu aucun effet négatif à pars un peu d'anxiété au début... Au départ, je voulais faire un sevrage sur 6 mois alors j'ai commencé par sauter la prise 1 jour sur 4 sauf que je l'ai oublié plusieurs fois et au final j'ai sauté 1 jour sur 3... et j'ai eu moins de ballonnements, quelques boutons en début de plaquette (comme toujours), mais sinon rien de particulier. Du coup, 2ème mois, je profite du confinement pour accélérer alors je prends 1 cachet sur 2, mais 1ère prise nausée, 2ème prise nausée, 3ème prise nausée... c'est décidé j'accélère je prends 1/2 cachet 1 jour sur 2... et au bout de quelques jours j'ai des ''règles'' et c'est comme ça que s'est arrêté mon sevrage ! Au final je me dis que mon corps en avait marre et je l'ai écouté. Aujourd'hui, je n'ai pas eu de menstruations en 2 mois, mais 15 ans de pilule et SOPK, je ne m'en fais pas trop. Surtout que je n'ai pas d'acné, je dors bien, je retrouve de la libido progressivement et j'arrive mieux à ressentir les émotions sans que ça tourne à l'angoisse directement. Et puis maintenant que j'ai perdu l'habitude de prendre ce comprimé tous les soirs, c'est une contrainte en moins. Il y a des jours où je suis un peu inquiète d'avoir mes règles sans m'y attendre ou de pas les avoir du tout mais j'ai l'esprit bien plus tranquille et ma charge mentale s'est allégée ça fait un bien fou !
Témoignage d’Adeline en message privé Instagram.
Sources :
- Le livre de Sabrina Debusquat “J’arrête la Pilule” avec son interview de Martin Winckler.
- Et bien sûr, un immense MERCI aux membres de la communauté Ma Vie Après, sur Instagram, pour avoir répondu et participé à toutes nos storys qui nous ont permis d’enrichir nos articles sur le sevrage avec la réalité du “terrain” 🙂 !
Hello ! Comme cela fait plusieurs mois que tu as écrit ton article, as-tu eu de l’acné entre temps ? Tes règles sont-elles revenues ?
Car je compte arrêter avec les hormones également 🙂
Hello, cet article est plutôt informatif qu'un retour d'expérience. Nous avons toutes les deux arrêtées la pilule d'un coup et ça s'est très bien passé. 🙂
Hello, si j'ai pris la noranelle (pilule faible) pendant 8 ans environ et ensuite depuis 1 an et demi la jasminelle (forte pilule contre acné). Est-ce que je dois faire l'arrêt sevrage progressif? La noranelle n'aura pas eu un impact fort, tandis que la jasminelle si mais seulement sur une courte période. Je n'ai pas envie de le faire de manière progressive forcément...
Hello Charlotte ! Tu as répondu à ta question. L'arrêt progressif ne signifie pas que ton arrêt se passera mieux ou moins bien qu'un arrêt classique. Selon nous, ce qui va être le plus marquant c'est d'accompagner son corps, d'éêtre à son écoute. Et ici, pour toi l'arrêt progressif sera plut^to un calvaire qu'autre chose. Alors écoute toi, et arrête la selon ton ressenti. C'est vraiment le plus important !
[…] en espaçant les prises, soit en coupant ces comprimés. Nous avons détaillé cette pratique dans cet article. Avec celui-ci, l’arrêt progressif de la pilule contraceptive n'aura plus aucun secret pour […]
Bonjour, je compte faire un sevrage de Diane 35 que je prends depuis 2016 (avant j'avais Androcur c'était pire...). Sauf que j'ai vraiment peur de l'effet rebond... J'ai peur pour mon acné, mais aussi pour ma pilosité et mes cheveux... Sachant que ce poste date d'il y a 2 ans, avez-vous eu d'autres retours sur les deux méthodes ? Laquelle s'avère le plus efficace pour éviter cet "effet rebond" ? Honnêtement, je préfère largement avoir des maux de tête, spotting etc plutôt que d'avoir une tête rempli de boutons/poils et plus de cheveux...
Hello Cha ! Les retours sont toujours les mêmes. On ne note pas une réel différence, en tout cas, significative entre l'arrêt net et progressif. On comprend tout à fait ce que tu exprimes et c'est d'ailleurs souvent mal compris. Le mal être que peut générer l'effet rebond est à considérer. Malheureusement, nos conseils s'arrêtent là. On aimerait te donner une solution mais malheureusement, aujourd'hui... il n'y en a pas qui fonctionne à coup sure. Il faut tester. N'hésite pas à te faire accompagner par des personnes qui connaissent le syndrome post pilule et qui ne te fourniront pas de solution restrictive !
[…] L'arrêt progressif ou le sevrage de la pilule consiste à réduire progressivement la quantité d’hormones de synthèse que nous allons ingérer. Dans l'objectif d'arrêter la pilule complètement. En général, on parle de 6 mois d'arrêt progressif. […]
[…] avons fait un article dédié qui explique plus en détail comment tu pourras procéder. Tu peux aussi lire cet article si tu te demandes si l’arrêt progressif est fait pour […]