L’hirsutisme, ou la pilosité, à l’arrêt de la pilule

Maëlle Kaddah
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Publié le 2 mai 2022
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Mis à jour le 20 novembre 2022

Chez certaines femmes, la pousse des poils semble s’accentuer après l’arrêt de la pilule. Ici, quand on parle de pilosité à l'arrêt de la pilule, on parle notamment de poils et de repousse de poils à des endroits dits “masculins”. On parle aussi d'hirsutisme à l'arrêt de la pilule. Cette repousse se fait principalement aux endroits suivants :

  • Le menton ;
  • Au niveau de la moustache ;
  • La partie de tes joues ;
  • Les mamelons ;
  • La ligne pubis - nombril ;
  • L’intérieur des cuisses ;
  • Entre les seins.

Alors pourquoi la pilosité peut devenir plus importante à l’arrêt de la pilule ? On en parle dans cet article et on te donne nos pistes de solutions !

Pourquoi observe-t-on une repousse des poils à l'arrêt de la pilule ?

Que ce soit sur le visage ou le corps, certaines femmes observent une pousse de poils plus drus après leur arrêt de la pilule. D'où viennent-ils ?

Pourquoi j'ai une forte pilosité ?

Sous certaines pilules, le taux de testostérone est généralement très bas dû à la présence de la progestérone qui ait comme un anti-testostérone. Il est même plus bas chez les femmes qui prennent les pilules dites “anti-acné” (comme Diane 35). En effet, plus le taux de testostérone est bas, moins la production de sébum est importante. Cela a pour objectif de limiter l’acné par ce mécanisme.

De fait, lorsqu’on arrête la pilule ce taux va donc remonter. Et lorsqu’il remonte, cela peut être associé à un retour de certains points qui sont reliés au taux de testostérone. Notamment : la production de sébum et la pousse des poils.

C’est déjà un des premiers points qui peut expliquer une repousse de poils plus rapide et/ou qui semble plus importante.

Cela dit, le taux de testostérone est un élément important pour l’équilibre hormonal global, lorsque celui-ci est stabilisé. Tout est une question d'équilibre.

Combien de temps dure l'effet rebond et la pousse des poils ?

Est-ce que la pilosité va s’accentuer crescendo jusqu’à ne jamais se stabiliser ? Alors globalement non. La repousse de poils peut être plus rapide et ce sur la durée. Néanmoins, l’étendue de la repousse (d’un point de vue localisation) aura plutôt tendance à se stabiliser à un moment donné.

Ça peut se stabiliser à mesure que le corps retrouve un meilleur équilibre hormonal, au bout de quelques mois post-pilule. Cela peut varier selon les femmes, en moyenne il faut compter environ de 6 mois à un an post-pilule, voire plus. Ce n’est pas forcément anormal. Si cela t’inquiète, au bout de 4 / 5 mois post-pilule, tu pourras toujours demander à faire un bilan hormonal pour tester le taux de testostérone.

Est-ce que la pilule peut faire pousser les poils ?

Les pilules ou contraceptifs hormonaux contenant uniquement de progestatif peuvent augmenter la pilosité. Cela est donc le cas pour les pilules progestatives composées uniquement d'un progestatif de synthèse soit le désogestrel (ex : Cérazette, ses génériques Optizimette, ...) ou le lévonorgestrel (ex : Microval). Les stérilets ou DIU hormonaux font également partis de ceux-ci. Il est donc plus rare d'observer cet effet secondaire. Si celui-ci est persistant, parles-en à ton gynécologue.

Est-ce que la pilule diminue la pilosité ?

Comment rééquilibrer les hormones après l'arrêt pilule ?

Rééquilibrer tes hormones, c'est avant tout soutenir ton corps avec une hygiène de vie adaptée. Les trois pôles principaux sur lesquels tu dois prêter ton attention sont :

  • ton alimentation : en mangeant assez de calories et de protéines ;
  • ton sommeil pour qu'il soit réparateur ;
  • ton stress, qui est le pire ennemi de ton cycle.

Quand on arrête la pilule, combien de temps au corps pour redevenir normal ?

Compte minimum 6 mois pour observer si tu as des effets secondaires ou non à la suite de ton arrêt de pilule. Les hormones de synthèse sont relativement rapidement traitées et éliminées. Ainsi, si tu observes après plus d'un an, des symptômes, ce n'est pas dû à l'arrêt de la pilule. En cas de doute, consulte ton médecin.

Quelle est notre “normalité” en termes de pilosité ?

La pilule est souvent prescrite assez jeune. Ce qui fait que le développement corporel et biologique n’est pas forcément encore optimal au moment du démarrage de la contraception hormonale.

De fait, on ne connaît pas forcément très bien son corps sans pilule, et donc pas non plus sa pilosité sans pilule, à l’âge adulte. Sa pilosité de “femme”. On est un peu mise dans une forme de bulle pendant plusieurs années. On ne connaît pas vraiment son corps avec son fonctionnement naturel tant qu’on est sous pilule.

Cela engendre un rapport relativement biaisé à notre corps, sur divers points. Notamment au niveau de la pilosité.

Cette notion est vraiment importante car il peut y avoir une grosse ambiguïté à ce sujet. Le retour de pilosité peut sembler affolant à l’arrêt de la pilule mais en même temps c’est un peu le lot des redécouvertes que l’on peut faire de soi, de son corps. Avec l’apparition ou réapparition de certains attributs qui ne sont pas forcément “anormaux”. C’est juste que l’on n’a pas eu le temps de connaître quelques années auparavant.

Faire la différence entre pilosité normale ou trop importante ?

Au-delà du biais de perception que l’on peut avoir lié à ce que nous avons expliqué juste au-dessus, d’autres éléments peuvent te permettent d’avoir des pistes. Notamment, dans la façon dont se déroule ton cycle menstruel de façon globale. Ce qui peut être à rechercher est éventuellement la présence d’un déséquilibre hormonal persistant. Par exemple, si tu as des cycles très irréguliers, de l’acné kystique, ou d’autres troubles/symptômes qui rendent ton cycle plus difficile à vivre, dans ce cas, il peut y avoir d’autres pistes à explorer.

Évaluer son taux de testostérone

Par exemple, via des prises de sang pour tester le taux de testostérone notamment. Tu peux alors te rendre chez un médecin ou un gynécologue pour que l’on te prescrive une ordonnance avec les marqueurs à relever pour la prise de sang.

Selon les résultats, tu pourras alors tirer de meilleures conclusions et savoir comment faire. Mais rappelle-toi qu’il y a toujours plusieurs facteurs à mettre en corrélation avant de tirer quelconque conclusion. Seul ton médecin sera apte à poser un diagnostic.

Comment faire pour diminuer la pilosité ?

Comme toujours, il n'existe pas de solutions miracles. C'est un ensemble de petites actions qui te permettront de voir des évolutions. Compte 3 mois afin de percevoir un changement.

Les solutions internes pour la pilosité du visage

Faire baisser le taux de testostérone va être une des solutions. En effet, ton médecin pourra te suggérer la reprise de la pilule. Néanmoins, si tu lis cet article c’est que tu cherches potentiellement d’autres pistes.

Ajustements d’hygiène de vie

On le sait, l’arrêt de la pilule engendre un déséquilibre hormonal. Comme pour l’acné, ces symptômes vont avoir un lien avec ce qu’il se passe en interne. Ce que l’on va de toute façon chercher à l’arrêt de la pilule c’est de rétablir un équilibre en interne.

Pour ça, on va mettre certaines choses en place pour accompagner le corps dans cette transition. Et chercher à avoir une routine qui soit pérenne et ce de façon durable. Généralement on n'a pas conscience des actions de vie qui nous permettraient d’avoir une hygiène de vie/routine de vie plus optimale pour que le corps trouve son équilibre quand on arrête la pilule. Car sous pilule il y a tellement de mécanismes biaisés qu’on n'a pas conscience de tout ce qui peut impacter négativement ou positivement sur le déroulement du cycle, sur l’énergie, le sommeil, etc.

Équilibrer la testostérone ?

Alors que quand on arrête la pilule, quand le cycle est un peu à la rame, on va peut-être enfin prendre conscience que notre hygiène de vie à un impact à ce niveau-là. Donc on va pouvoir jouer là-dessus pour chercher à avoir un impact positif.

Évidemment on cherche à stabiliser le taux de testostérone, mais ce taux-là est lui-même dépendant d’autres hormones sexuelles, et les hormones sexuelles sont elles aussi dépendantes du reste.

On va notamment chercher à stabiliser la glycémie afin d’aider à stabiliser le taux de testostérone. Il y a des actions très simples que l’on peut mettre en place, typiquement le fait d’intégrer 4 repas par jour (soit un apport alimentaire environ tous les 3 - 4h). Le tout en essayant au maximum de verrouiller les 3 macro-essentiels (lipides, glucides, protéines) par repas.

C’est un travail global

Pour aller plus, tu peux également faire le point avec un professionnel pour ajuster tes apports alimentaires et favoriser le retour de l’équilibre hormonal. Faire un bilan pourra te permettre de faire le point et d’avoir un protocole adapté à tes besoins, tant sur l’aspect alimentation, mais aussi sur l’aspect psychologique. En effet, ce dernier point ne doit pas être négligé dans le cadre du traitement de l'hirsutisme.

Le but d’un accompagnement est aussi de te permettre de bien comprendre les tenants et les aboutissants de chaque chose que tu pourras mettre en place. Ne pas t’éparpiller et gagner véritablement en autonomie.

Les solutions externes en cas de pousse de poils excessive

C’est aussi important de parler des solutions externes, car tout est à considérer. Ce ne sont pas que des solutions transitoires et elles peuvent vraiment te permettre de trouver l’équilibre qui te convient.

La décoloration des poils

Notamment sur le visage, car ça peut être là que ça nous gêne le plus. C’est le fait de blondir les poils avec des kits de décoloration pour les poils qui s’achètent facilement. C’est un petit mélange sous forme de pâte à réaliser soi-même et à faire poser quelques minutes à l’endroit souhaité. Ça peut déjà constituer une première solution. Avec par exemple le fait de couper les poils aux ciseaux pour les rendre plus imperceptibles (sans avoir à raser).

L’épilation

Soit l’épilation à faire soi-même, soit en institut. Ensuite il y a plusieurs types d’épilation :

  • À la cire ;
  • Au fil ;
  • Il existe aussi des crèmes dépilatoires spécialement conçues pour le visage.

Attention si tu pratiques l’épilation sur le visage, si tu as la peau sensible il faut faire attention. Que tu le fasses toi-même ou même en institut, sois prudente. Car si ta peau est trop agressée par l’épilation, cela va la fragiliser davantage (notamment si tu as des poils assez durs). Cela peut te faire des marques rouges, des petits boutons, te démanger, etc. Pense toujours à bien désinfecter et hydrater.

L’épilation définitive

Alors le budget n’est pas le même mais cela reste une bonne solution aussi. Est-ce ultra-définitif ? Ça va dépendre des femmes. Parfois, s’il y a des changements hormonaux importants (par exemple lors d’une période de grossesse et post-grossesse) cela peut avoir une incidence sur la pilosité.

Trouver l’équilibre qui te convient

Le plus important est surtout de trouver l’équilibre qui te convient. Ce n’est clairement pas facile, dans une société qui fait la guerre aux poils (sur les femmes) de se sentir en confiance face à ce rebond de pilosité, qu’on a peut-être jamais connu.

Il n’existe pas de solutions naturelles miracles par rapport à ça, et la meilleure solution sera celle avec laquelle tu te sentiras le mieux à l’instant donné. C’est un peu une balance entre ce que tu souhaites accepter/supporter, et ce sur quoi tu ne te sens pas prête. Les solutions externes sont de bons éléments pour pallier cette pilosité si elle te dérange. Mais si pour toi cela n’est pas suffisant, certains traitements hormonaux (pilule contraceptive) le seront certainement plus. En revanche, ceux-ci ne sont pas non plus dénués d’effets secondaires.

Sources :

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7 comments on “L’hirsutisme, ou la pilosité, à l’arrêt de la pilule”

  1. J'ai arrêté la pilule après 13 années de prise et j'ai découvert mon corps d'adulte pour la 1ère fois à 30 ans ! J'ai remarqué une très légère pilosité au niveau de la moustache, puis je m'y suis habituée car pas très visible à l'œil nu. Un grand merci pour cet article très instructif, on a besoin de ce genre d'infos quand on arrête les hormones (idéalement quand on les commence même !) et qu'on peut se sentir en perte de contrôle, surtout face à la société et son regard sur la pilosité (entre autres).

    1. Hello Carole 🙂 Merci beaucoup pour ton retour ! En effet, cet arrêt de pilule nous amène à découvrir bien des choses dont nous n'avions que peu (voire pas du tout) conscience jusqu'alors 😊

  2. Bonjour, j'ai arrêté la pilule il y a 2 ans et demi bientôt. Il y a une petite année j'ai une pilosité qui s'est particulièrement développée à l'intérieur des cuisses avec de longs poils noirs un peu éparses et des poils noirs et durs sous le menton.
    Je me suis demandé pourquoi ce changement (mis à part l'âge 😅) et j'ai vite fait le rapprochement avec l'arrêt de la pilule, mais sans trop savoir si j'avais tord ou raison. Grâce à cet article, ça me paraît limpide ! Merci beaucoup pour ce que vous faites !

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