On entend de plus en plus parler d'arrêt progressif ou de sevrage de la pilule pour l'arrêter. Cette méthode permettrait de réduire les symptômes post-pilule. Mais qu'en est-il vraiment ? Est-ce que l'arrêt progressif est adapté à ma situation ? On te dit tout !
Avant tout : il n’y a pas de consensus sur l’utilité ou la nécessité de faire un arrêt progressif pour stopper sa contraception hormonale. De fait, ce dont il faut tenir compte, c’est que le choix d’arrêter la pilule ou non par sevrage est strictement personnel et dépend de chacun. C’est pourquoi, dans cet article, nous allons te donner certaines clés pour aiguiller au mieux ton choix, si l’arrêt progressif est pour toi une éventualité.
C'est quoi l'arrêt progressif ou le sevrage de la pilule ?
L'arrêt progressif ou le sevrage de la pilule consiste à réduire progressivement la quantité d’hormones de synthèse que nous allons ingérer. Dans l'objectif d'arrêter la pilule complètement. En général, on parle de 6 mois d'arrêt progressif.
Quelle différence entre l’arrêt progressif et l’arrêt net de la pilule ?
- L’arrêt progressif vise à habituer le corps petit à petit au fait de ne plus ingérer d’hormones de synthèse.
- L’arrêt net, quant à lui est tout simplement le fait d’arrêter à la fin de sa plaquette ou en cours de plaquette.
Comment arrêter progressivement la pilule ?
Pour arrêter progressivement ta pilule, tu vas espacer ou couper tes comprimés :
- Si tu espaces tes comprimés : Tu vas commencer par prendre ta pilule 1 jour sur 2 pendant plusieurs jours, puis 1 jour sur 3, etc. jusqu'à son arrêt total.
- Si tu décides de couper tes comprimés, tu vas commencer par prendre 3/4 de ta pilule pendant plusieurs jours, puis 1/2, puis 1/4 jusqu'à son arrêt total.
Très important : dès lors que tu commences un sevrage, tu n'es plus protégé. L'aspect contraceptif doit donc être pris en charge par un autre moyen de contraception.
Les étapes clés avant de commencer un sevrage de la pilule
Quelle est ta relation actuelle avec ta pilule ?
En messages privés sur notre compte Instagram, plusieurs personnes nous ont déjà demandé ce que nous pensions de l’arrêt progressif. Ce n’est pas notre avis qui compte, mais c’est bien le vôtre. À cela nous répondons souvent : tout dépend de ta relation actuelle avec ladite pilule.
“Je nourris une aversion à l’idée de prendre un comprimé de plus”
Tu te sens oppressée et frustrée d’être obligée de prendre chaque jour cette pilule ? Alors clairement l’arrêt progressif ne semble pas être pour toi. Certaines femmes font vraiment part de leur aversion à prendre ne serait-ce qu’un comprimé de plus !
Alors là, il n’y a pas photo et on te le dit clairement ! Te forcer à passer par l’arrêt progressif car tu imagines que ça pourrait être bien, mais qu’en parallèle tu n’en peux plus d’avaler ces comprimés = c’est davantage nocif que bénéfique ! Cela pourrait tout à fait engendrer et nourrir un stress quotidien avec le fait de devoir penser à suivre ton plan de sevrage avec attention. Le stress est un des facteurs principaux qui pourrait clairement noircir le tableau de ta transition post-pilule ! En gros, le stress pourrait à lui seul (ou quasiment) annuler les effets escomptés de l’arrêt progressif.
“Prendre un comprimé de plus ou de moins, je ne suis plus à ça près”
Au contraire, si pour toi ça semble OK de prendre encore plusieurs comprimés échelonnés sur plusieurs mois et que cela ne te procure pas un dégoût ou un stress, alors tu peux envisager le sevrage en tenant compte des points suivants !
Tenir compte de ta santé actuelle
Ce point nous souhaitons le mettre en avant. Non pas car il s’agit d’un prérequis clé pour pratiquer ou non l’arrêt progressif, mais pour ramener un peu de bon sens lorsque l’on se questionne à propos du sevrage.
Chaque personne est unique avec ses prédispositions et ses potentiels troubles ou déséquilibres existants dont nous pensons qu’il faut tenir compte ! Rappelons que la pilule contraceptive est un perturbateur endocrinien, dans le sens brut du terme. Dès lors que l’on met notre organisme au contact de ce genre de substances on favorise l’apparition de déséquilibres au sein de celui-ci.
Ainsi, lorsque des déséquilibres sont présents on peut se poser la question : est-ce judicieux de continuer à exposer son corps à l’une des substances principales qui peut entretenir voire aggraver ces troubles ?
Qu'est-ce que sont les déséquilibres hormonaux ?
Cela peut être des troubles digestifs, des troubles de l’humeur important, une sensibilité au niveau du foie… Ce peut être des déséquilibres qui étaient présents avant de prendre la pilule comme des déséquilibres qui sont arrivés pendant la prise, au fil des années.
Dans ce cas, et notamment en ce qui concerne les troubles digestifs et la sensibilité au niveau du foie, nous pensons qu’il est réellement important de se demander si le sevrage ne va pas continuer d’entretenir le trouble. Au niveau digestif et hépatique (le foie), la pilule cause bien des dommages nous en parlons davantage dans cet article (5 étapes clés post pilule). Dans ce cas, il est alors vraiment important d’accompagner son corps et de tenir compte de ces troubles et réfléchir à deux fois avant de pratiquer l’arrêt progressif. Si tu connais de tels déséquilibres/troubles, n’hésite pas à te tourner vers des professionnels qui pourront t’accompagner.
D'autres questions à se poser si tu souhaites faire un arrêt progressif de la pilule
J'ai déjà arrêté la pilule et c'était catastrophique ?
“J’avais déjà arrêté la pilule une première fois et ça avait été une catastrophe.” Ce sont des témoignages que nous avons reçus ! Et c’est souvent ces personnes-là qui ont décidé de retenter l’arrêt par sevrage après leur première mauvaise expérience (souvent dû à une forte poussée d’acné).
Est-ce que ça peut donc être une solution pour toi si tu as été dans ce cas d’un premier arrêt assez compliqué ? Peut-être que oui. Si l’arrêt progressif est une méthode qui te semble envisageable et intéressante, comme toujours cela dépend de chacun.
À la suite d’une première expérience d’arrêt de la pilule difficile, on peut vraiment se sentir traumatisée et complètement démunie lorsqu’on souhaite l’arrêter à nouveau. Le sevrage peut alors permettre d’être une béquille notamment psychologique. Néanmoins, il est important de rappeler que le sevrage à lui seul ne sera certainement pas suffisant pour désamorcer une éventuelle surcharge de l’organisme qui pourrait amener à une inflammation de la peau. Il convient en parallèle de bien accompagner son corps avec des mesures d’hygiène de vie.
Si j’ai peur d’un retour d’acné l'arrêt de la pilule ?
Si l’arrêt de la pilule est lié à une peur viscérale d’une apparition d’acné, il convient d’abord de comprendre ce qui peut provoquer l’acné post-pilule. Pour cela, nous avons rédigé le Guide Acné Post Pilule. C’est un guide de 40 pages dans lequel on explique les mécanismes à l’arrêt de la pilule. C’est important de comprendre ce qu’il se passe dans l’organisme afin de comprendre que ce n’est pas une fatalité. C’est en fait un message du corps pour montrer qu’il a besoin d’aide.
Et le sevrage alors dans tout ça ? Il peut avoir son intérêt d’un point de vue psychologique car on peut avoir l’impression de moins sauter dans le vide.
Lien entre l'acné et l'arrêt progressif de la pilule ? Au niveau santé et réel intérêt pour limiter l’acné, on a que peu de témoignages malheureusement pour pouvoir avoir un semblant de réponse. Chez certaines personnes cela semble avoir vraiment permis de réduire l’apparition d’acné. Alors que d’autres personnes expliquent que l’acné a refait surface plusieurs mois après le sevrage…
Coucou ! Pour ma part j’ai fais un premier arrêt brutal de la Diane il y’a quelques années: les effets indésirables se sont rapidement fait sentir (acné, perte de cheveux, règles irrégulières etc.) à tel point que j’ai fini par la reprendre. Puis il y’a un an j’ai décidé de l’arrêter, cette fois-ci progressivement. Le sevrage s’est bien passé, rien à signaler, je l’ai très bien vécu! Une fois l’arrêt total j’ai été tranquille les 9 premiers mois puis ça s’est nettement dégradé par la suite. Aujourd’hui j’arrive au même stade que mon arrêt il y’a quelques années sauf que cette fois-ci c’est nettement plus gérable. Je ne mets pas ça sur le compte du sevrage mais plutôt sur l’approche et l’accompagnement de mon organisme pour ce deuxième arrêt. En définitive je pense que le sevrage peut être une bouée psychologique pour se donner du temps et mieux préparer son arrêt. Sur le point de vue symptomatique je ne suis pas convaincue de son efficacité…
Encore une fois, il n’y a pas de vérité ultime. La réaction dépend de chaque personne. On sait, c’est chiant ! Car on aimerait savoir si oui ou non, c’est utile si on a de l’acné ou qu’on a peur d’en avoir mais malheureusement la réponse n’est pas binaire.
Notre conseil, si l’arrêt progressif semble t’intéresser, que tu as une peur viscérale d’une apparition d’acné et que selon les critères précédents c’est plutôt ok pour toi. Alors pourquoi pas essayer le sevrage mais n’oublie pas un point essentiel : en parallèle il faudra accompagner ton corps dans cette transition !
Et si j’ai de l’endométriose ou le SOPK ?
Dans le cadre de pathologies comme le SOPK ou l’endométriose est-ce que l’arrêt progressif pourrait avoir un intérêt ? En théorie, oui, aux vues du fonctionnement de l’organisme post-pilule et de ces pathologies.
Avec le SOPK et l’endométriose, dans les deux cas, l’organisme est très sensible aux fluctuations hormonales. On note par exemple, une sensibilité accrue aux œstrogènes dans le cadre de l’endométriose (les lésions grossissent sous l’afflux d’œstrogènes) et une sensibilité accrue à la testostérone dans le cadre du SOPK (causant de nombreux troubles tels que l’hirsutisme, la résistance à l’insuline etc.).
Que ce soit pour l’une ou l’autre des pathologies, sous pilule, rien n’est soigné ou guérit. Le cycle est seulement mis en pause pour éviter les fluctuations.
De fait et en théorie, l’arrêt progressif pourrait ici être une façon de réduire progressivement la dose d'hormones de synthèse au profit, progressif aussi, de la reprise des fluctuations de nos hormones naturelles. Dans le cadre du SOPK notamment, l’objectif pourrait être d’éviter le potentiel effet rebond de la testostérone qui arrive souvent en post-pilule (poussée d’acné, cycles irréguliers, hirsutisme…).
Ça marche comment le sevrage de la pilule ?
Comme toujours, en pratique ce n’est pas forcément si évident et si simple. Nous avons reçu des témoignages de personnes atteintes d’endométriose qui ont tenté le sevrage puis qui l’ont arrêté en plein milieu à l’apparition de premières douleurs. Au-delà de ça, nous avons eu assez peu de retours de façon générale sur le sevrage dans le cadre de ces pathologies. Encore une fois, n’oublions pas de préciser que l’arrêt progressif n’est pas la méthode la plus couramment pratiquée pour arrêter la pilule aujourd’hui.
Que faire ?
En tenant compte des points précédemment énoncés dans cet article, tu pourras déjà avoir une première piste pour savoir quoi penser de l’arrêt progressif dans ta situation. Au-delà de ça, nous pensons sincèrement qu’un accompagnement avec un médecin et autre praticien de santé te sera d’une très grande aide pour appréhender ce sevrage au mieux.
Quid de l’avis des professionnels de santé sur l'arrêt progressif ?
L’avis des gynécologues, sage femme ou médecin au sujet de l’arrêt progressif est extrêmement mitigé. Et comme tu l'auras compris, on les rejoint. Nous manquons clairement de donnée pour statuer plus sur l'utilité ou non de l'arrêt progressif.
Puis-je me faire accompagner ?
Si tu ne peux pas forcément compter sur les gynécologues pour t’accompagner pour faire un arrêt progressif, il y a d’autres professionnels sur lesquels tu peux t’appuyer.
Si on reprend les choses dans l’ordre, ce dont ton corps a besoin à l’arrêt de la pilule c’est d’être soutenu afin d’éliminer au mieux les résidus d’hormones de synthèse et l’aider à retrouver son équilibre avec les fluctuations hormonales naturelles. Pour cela, en parallèle d'un suivi médical, les meilleures façons de procéder sont d’accompagner notre corps avec certains ajustements en termes d’hygiène de vie : diététicien, ostéopathe, psychologue, etc.
La check-list : l’arrêt progressif est-il fait pour moi ?
- J’ai choisi ma méthode de contraception alternative à utiliser dès les premiers rapports avec pénétration suite au début du sevrage, car l’effet contraceptif de la pilule sera rompu (préservatifs, stérilet au cuivre…) ;
- Je sais que je suis amenée à ingérer des hormones de synthèse pour encore plusieurs mois ;
- J’ai mis en place un plan d’arrêt progressif sur plusieurs mois et j’ai choisi ma méthode pour faire le sevrage (renvoyer vers l’article “tout sur le sevrage”) ;
- J’ai conscience de l’implication physique et psychique (potentielle charge mentale) que cela peut engendrer sur mon corps ;